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Pokin Yourhead

Né à Paris en 1980, vit et travaille à Rezé.

Le tout est de savoir que l’on est déjà vieux finalement sur ce chemin où il n’est question que de vivre dans une réalité contemporaine. On trébuche indéfiniment, alors à chacun sa stratégie : ici, point de fuite ou d’exclusion, mais on reste juste à la marge, choisie comme position privilégiée pour mieux voir et ainsi tenter de créer un lien particulier avec ses semblables.

L’acte de dessiner prend son sens dans l’intention de donner totalement des visions intimes, en effet la primauté de la sensation fonde l’élan, l’inspiration et une opération imaginaire s’offre au regard de l’autre sans aucune certitude d’y trouver un écho.

Le monde est affreusement complexe, chaque être se débat, évolue, se fige et un témoin plutôt doué de compassion le transcrit en noir sur fond blanc pour aller à l’essentiel quant à la forme. D’ailleurs l’œil omniprésent, agrandi, déformé rappelle qu’il est l’organe majeur de la perception : regarder, voir tout et surtout les yeux des gens…Cela aboutit à une figure composite au caractère vaguement inquiétant si on le prend comme un portrait, c’est un condensé mis en forme, autonome dans un espace non défini. Mais le portrait est la représentation d’une personne existante ou ayant existé. Le jeu ici serait : »Tu me vois tel, je ne me voyais pas tel, peut-être est-ce un double improbable ? »

Et pourtant l’exploration des infinies possibilités d’évocation du monde environnant et de ses habitants ne fait que commencer, d’autant que s’y ajoutent des références culturelles et des mots-message.
Tout comme la musique peut prendre la forme d’un embrasement d’organes, d’humeurs, d’éléments hétéroclites puisés sans hiérarchie dans l’environnement naturel ou urbain et encore dans des constructions imaginaires, on aboutit alors à une élaboration savante. Les éléments imbriqués composent une nouvelle architecture, une forme en appelle une autre de manière fluide menant à un organisme riche de sens à lire comme un rébus, ludique et étrange. C’est une recomposition de « samples » qui s’emboitent, se parlent, percutent et résonnent.

M.A.G.